L'installation fonctionne depuis quelques années, et je suis gêné par une tonique dans le bas médium, entre 200 et 300 Hz, et parfois dans le grave. J'étais surpris que le 17 cm médium soit donné par le constructeur pour fonctionner à partir de 200 Hz. J'ai soupçonné un trou entre 200 Hz et la fréquence de reprise du pavillon (120 Hz environ), ce qui, subjectivement, donnerait une bosse de part et d'autre de ce trou. Comme je possédais une paire de 28 cm médium et une autre de 21 cm bi-cône, toutes deux de la même marque (Supravox) avec aimants Alnico, la tentation a été trop grande d'essayer ces deux autres paires de bêtes. Les mauvaises conditions climatiques de l'hiver 2012-2013, rendant favorables les travaux d'intérieur, m'ont décidé à me lancer. J'ai donc monté les nouveaux médium sur des panneaux de bois aggloméré assemblés par des vis à bois et simplement appuyés sur les baffles plans. Un montage pas rigide du tout, qui aurait fait hurler tout audiophile normalement constitué. Mais pour faire l'essai...A noter que les tweeters sont restés à leur place, inchangés.
Là, ce sont les 28 cm. Pas terrible comme montage pour de la Hi Fi. Le canal droit est équipé pareillement.Les tests ont duré l'année, alternativement sur les 21 et les 28 cm. Les résultats ont été concluants, surtout bien sûr dans le bas médium. Puis j'ai ajouté un égaliseur devant la difficulté à obtenir un spectre exempt de tonique. Et à l'entrée de l'hiver suivant, mon choix s'est fixé sur le 28 cm avec l'égaliseur sur le médium uniquement. L'égaliseur, sur les conseils d'un Ingénieur du son proche des électroniques à lampes, s'est porté sur un vieux modèle Américain, analogique, très musical, introuvable en France, un White Instruments. Les frequences extrêmes ne passeront pas par l'égaliseur. Cela permettra à l'extrême aigu de ne transiter que par des lampes triodes sans contre réaction. D'autre part, l'égaliseur pourra participer aux coupures haute et basse du médium. Ce choix me plait d'autant plus que je destinais les 21 cm, les fameux Supravox T 215 RTF 64 de légende, à des conques en plâtre armé que je compte fabriquer dans le futur. Les 28 cm sont des Supravox T 285 HF 64, aimant en Alnico, bobine mobile en magnésium, membrane exponentielle en papier à fibres longues, rendement 98 dB/w/m, achetés en 1974. Deux belles bêtes.
Donc, maintenant, action...
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Le remplacement des médiums par des modèles plus grands nécessite d'agrandir le trou dans le baffle. Les nouveaux HP seront eux aussi très près des tweeters. Donc, le nouveau trou plus grand ne sera pas concentrique avec le précédent, ce qui ne va pas simplifier sa découpe, d'autant que l'arrière du baffle est fortement évidé pour l'évacuation de l'onde arrière. La découpe va se faire à la défonceuse au moyen d'un gabarit fabriqué pour l'occasion. Les deux baffles doivent être, bien sûr identiques.
Avec une bonne fraise carbure et une machine puissante (donc lourde, stable), le travail est impeccable. L'évidement arrière se fait avec une scie sabre à main levée, ce qui donne une finition plus brute, mais ça n'a pas d'importance.
Le démontage et la manipulation des baffles (50 kg chacun sans HP) étaient l'occasion de revoir le mode de fixation des tweeters. L'idée étant de pouvoir les déplacer en avant ou en arrière pour leur mise en phase, et ceci, à distance. La solution a été de les fixer sur un chassis monté sur glissières. Un système de vis écrou monté sur roulement assure le mouvement, et peut être actionné par un moto réducteur (ou vieille perceuse visseuse sur batterie). Les chassis qui reçoivent les tweeters sont en plexi, comme on peut en voir un sur la photo ci-dessous.
Les glissières sont en laiton sur des guides en acier.
La tige filetée entraine la pièce en plexi à travers un roulement à billes. Le tweeter est fixé sur la pièce en plexi par un collier de serrage. Un fraisage a été nécessaire, comme montré sur la photo de la pièce en cours d'usinage (Le roulement à billes est en place).
Ca ressemble davantage à de la mécanique qu'à de la HI FI...
Le tweeter monté sur sa glissière.
Aprés avoir refait le crépi pour l'esthétique, et les dernières retouches de peinture, le montage final (enfin, j'espère).
Un tweeter, sur son montage définitif. Pourquoi faire simple.......
L'arrière d'un des baffles.
Et vue de face, l'allure générale n'est pas tellement modifiée.
Cette partie ressemble plus à de la HI FI que la précédente... Quand même!
L'option égaliseur, que je rejetais jusqu'à présent, m'est apparue quasi indispensable. Il faut dire que la pièce d'écoute sans meubles est déjà asymétrique avec de grandes fenêtres à gauche, et un mur amorti à droite. Une fois qu'on rajoute les meubles et le poele à bois, une possibilité de correction devient, sinon indispensable, au moins fort utile. Donc, acquisition d'un White Instruments, serie 4100, via Ebay Etats Unis (j'ai eu de la chance d'en trouver un rapidement). C'est un tiers de bande qui peut être utilisé en symétrique pour les pros. Il est caractérisé par l'utilisation de composants de haute qualité, série militaire, et utilise des selfs de précision. Au départ, pour les premiers essais, il était monté entre le lecteur CD et le préampli SRPP. Il corrigeait donc tout le spectre. Une fois les baffles plans remontés, il est allé à la place que j'envisageais de lui donner définitivement, avant l'ampli de médium. Il a donc pris place dans l'atelier, là où sont regroupées toutes les électroniques, hors préampli. Au début, en provisoire sur un étai de maçon, le temps de lui trouver sa place définitive, sans que ça me retarde pour les mises au point.
Pas terrible comme montage, mais c'est solide, et l'égaliseur est tout près des amplis, ce qui est un avantage pour les liaisons audio. Au passage, on peut voir l'ampli d'extrême aigu complètement à droite (le mono triode 2A3), et à côté de lui, le Médium "Hiraga" dont les connaisseurs pourront apprécier la surface des radiateurs. Derrière l'égaliseur, sont cachés le filtre actif d'extrême grave à triodes, puis l'ampli du même registre (Kanéda 15 watts). En dessous dans la partie verticale, on voit l'alimentation du préampli SRPP qui délivre du 420 volts et du 250 volts. Toutes ces électroniques sont dans une armoire en forme de T ventilée sur ses 3 extrêmités, dont les portes sont actuellement ouvertes à cause de l'égaliseur, le temps des essais, et en attendant son installation à droite de l'armoire. Pendant ce temps, les amplis ne sont pas protégés de la poussière, ce qui interdit l'emploi des machines à bois (tout ceci est dans l'atelier, en dessous de la pièce d'écoute)!!!
Et là, c'est le gros morceau. D'autant plus gros que je n'ai pas les compétences d'un pro pour un travail qui est une spécialité très pointue, et que je ne suis pas équipé en matériel spécifique. Donc, raisonnons par la logique, comme d'habitude en matière de technique. Il y a deux principaux problèmes; les mises en phases des HP, surtout entre le pavillon et le médium, et la linéarité, la symétrie du système.
La mise en phase consiste à disposer les différents HP de façon que les sons qu'ils émettent à la fréquence de coupure arrivent en même temps à l'oreille de l'auditeur. Dans notre cas, le pavillon débouche au dessus de la zone d'écoute, la distance pavillon- auditeur n'est pas réglable. On va donc agir sur la distance médium- auditeur. Nous allons donc mesurer le temps que met l'onde pour aller du pavillon à l'auditeur. Puis, on fait la même chose à partir du médium, et on règle l'éloignement de celui-ci pour que le temps soit identique.
La méthode de la mesure est la suivante:
On génère un signal sinusoidal à la fréquence de coupure de courte durée (1 seconde) avec un générateur BF ou un CD sur lequel on aura gravé ce son généré par un logiciel (audacity). Ce signal est envoyé sur le préampli suivi du seul ampli de grave (médium éteint ou débranché), et également sur une voie d'un oscilloscope à mémoire, programmé en enregistrement. Un micro est placé à la zone d'écoute. Le signal qu'il recueille est envoyé (via un préampli de micro), à la deuxième entrée de l'oscilloscope. L'enregistrement du scope doit être lancé par l'apparition du premier signal, celui qui vient du lecteur CD (ou du générateur BF).
Signal venant du pavillon. Les deux images proviennent du même enregistrement. Seule la position horizontale est différente. On voit le déphasage entre le signal d'origine et celui donné par le micro. On fait la même chose, mais pavillon déconnecté, et médium en route.
On voit bien que le déphasage entre les deux courbes n'est pas le même que sur le précédent enregistrement. Il faut déplacer les baffles plans de presque un mètre, puis revérifier. Enfin, le même test est fait avec les deux transducteurs en service (pavillon et médium). Le signal recueilli par le micro est très convenable.
Bien sûr, il faut faire ça pour chaque canal, ça paraît évident. En théorie, on doit avoir le même résultat (distance) à droite et à gauche. En théorie. En bon bouzeux que je suis, je me méfie toujours de la théorie !
Maintenant vient la linéarité, l'équilibre tonal, la traque aux toniques, on pourrait en mettre davantage dans cette rubrique comme la chasse à l'agressivité. Le but recherché est d'entendre toutes les fréquences avec le même niveau. Ceci ne dépend pas que des HP, mais aussi et surtout, de leur environnement, la pièce d'écoute. Réflexions sur les parois, amortissement de certaines fréquences, ondes stationnaires, objets divers qui entrent en résonnance, les causes de désordres sont multiples. J'ai essayé plusieurs méthodes ou outils, plus ou moins scientifiques, pour en déduire que le meilleur instrument de mesure est, dans ce cas, l'oreille. Encore faut-il lui donner quelque chose à écouter pour mettre en évidence les défauts. Il faut commencer par le bruit blanc. C'est un son qui est perçu comme un souffle, mais qui, en fait, possède la même densité spectrale de puissance quelle que soit la fréquence. L'analyse spectrale d'un bruit blanc est une droite. On envoie le bruit blanc dans un ou plusieurs HP et on enregistre le signal qui est reçu à l'endroit de l'écoute. L'image ci-dessous montre le spectre d'un bruit blanc reproduit par le canal droit. Le bruit blanc est généré par un logiciel (Audacity), puis gravé sur un CD de test, sur voie gauche, puis droite, puis mono.
Les indications données par ces courbes doivent être prises avec précautions. Il faut avoir la main légère et prudente sur les boutons de l'égaliseur et ne prendre en compte que les trous ou les bosses assez larges. Les variations brutales et étroites correspondent souvent à des ondes stationnaires. On peut mesurer par cette méthode les fréquences de coupure réèlles en débranchant un des deux HP concernés.
Ici, on n'a que l'extrême grave et l'extrême aigu.
Ici, on n'a que le médium.
On peut réunir les images des spectres des deux canaux, d'abord séparés, puis en mono sur une seule image afin de faciliter l'interprétation par la suite.
Là, il s'agit de la bande complète de fréquences, successivement à gauche, droite puis mono.
Attention à la courbe de réponse du micro qui influe sur les fréquences extrêmes. Dans mon cas, un AKG C535 qui chute sous 100 Hz et qui est un peu généreux au dessus de 10 kHz. Mais lorsqu'on le sait, ce n'est pas gênant.
Un autre test consiste à envoyer des fréquences fixes dans les HP et de mesurer le niveau recueilli en sortie de préampli de micro avec un voltmètre. Faire successivement sur les deux canaux. On peut aussi le faire à l'oreille, ça marche trés bien. Personnellement, j'ai gravé un CD de test en y mettant les mêmes fréquences que celles que l'on peut régler sur l'égaliseur (tiers d'octave). Chaque fréquence dure 5 secondes sur canal gauche, puis idem sur canal droit. Le CD a été réalisé avec Audacity. Ce test, réalisé << à l'oreille >> a été, pour moi, un des plus utiles. Enfin, l'écoute d'un bruit blanc alternativement à gauche puis à droite est important. La tonalité de ce bruit doit être la plus proche possible sur les deux canaux. Tout cela, doit permettre de régler l'égaliseur peu à peu. Bien sûr, des écoutes de musique doivent s'insérer au milieu de tous ces tests. Il est nécessaire de ne pas vouloir aller trop vite, car au bout d'un moment, on ne sait plus ce qu'on entend...